Chez Francis Druenne, le volley c’est une passion dévorante, limite une religion. Depuis 27 ans, il dirigeait le club touquettois mais ce vendredi il passera la main…
Vendredi soir, dans l’ombre des illuminations, Francis Druenne passera la main. Président « omnipotent », c’est lui qui le dit, il gardera tout de même des fonctions au sein du club. Et surtout des attaches. Car le volley c’est le fil de sa vie.

Pourtant, lorsqu’il est gosse, comme beaucoup, c’est avec le pied qu’il tape dans un ballon à Nogent le Rotrou (Eure et Loire), où il est né : « Heureusement pour le football j’ai vite arrêté ! ». Il suit alors son père, devenu président du club de volley de sa ville « par défaut, parce qu’il n’y avait personne ! ». Francis a une quinzaine d’années et a plutôt une bonne main au hand et au volley « À l’époque on commençait tard le sport en club, tout se faisait dans le cadre scolaire ». Deux ans plus tard, il se fait repérer par un arbitre « parce que j’étais grand ». C’est l’époque où la Fédération monte la première équipe de France Espoir. Un stage de sélection à Bordeaux plus tard, il est retenu et devient Espoir International. C’est le premier jour du reste de sa vie !

Passe ton BAC d’abord !

Joueur international, il n’en reste pas moins qu’il doit décrocher son BAC « Le volley ça paie pas ! » et démarre ensuite des études de Maths à L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon « En cours de route, mon coach me dit Pourquoi tu n’envisagerais pas le professorat ? , j’ai réfléchi et je me suis engagé dans des études à l’École Normale Supérieure d’Éducation Physique, entre 1965 et 1968, avec une option forte qui était le volley. » Dans ce même laps de temps, Francis est sélectionné pour participer au Championnat du Monde Seniors à Prague et au Championnat du Monde Militaire à Téhéran.

Les études, c’est précisément ce qui pénalise le club du Touquet, mais c’est aussi tout ce qu’il a encouragé : « Pas de bol, nos filles ont de bonnes têtes et partent donc après le BAC pour se consacrer à leurs études. C’est toujours compliqué pour un club mais on sait aussi, que même en Élite, faire carrière dans ce sport c’est aujourd’hui encore vraiment marginal. Il faut une pépite, une exception ! » Et Francis sait de quoi il parle. Car une pépite il en avait une à la maison : Clémentine, sa fille, fruit de son mariage avec Sylvie, une ex internationale elle aussi, et figure incontournable du TAC Volley.

Entraîneur et président

En tant que joueur, Francis Druenne aura souffert « d’entraînements caricaturaux durant lesquels on fait toujours les mêmes choses. Pourtant notre coach était un ancien international Yougoslave hyper fort. Un des meilleurs joueurs ! » Aussi, lorsqu’à son tour sa carrière de joueur prend fin et que celle d’entraîneur s’ouvre, il souhaite autre chose. Il met alors en application le travail qu’il a élaboré avec la fédé sur l’apprentissage chez les jeunes. Avec les équipes qu’il entraîne à Paris, Saint-Maur, Clamart, Asnières, il décroche plusieurs titres de champion de France. Mais la discipline se professionnalise de plus en plus et devenir entraîneur pro s’impose : « Avec Sylvie on n’avait pas envie de ça. On voulait continuer le volley par passion et rester professeur. Et puis Sylvie, originaire du Touquet, souhaitait y revenir. J’ai demandé ma mutation et je l’ai obtenue, au lycée hôtelier ! »

Aux années de coaching parisien s’ajoutent bientôt celles du Touquet. Car quand le couple revient ici en 1992, Francis prend en charge l’équipe féminine A, à la demande de celui qui présidait le club : Denis Caloin, auquel il succédera en 1995. L’équipe était en R2 à l’époque. Sylvie vient soutenir son mari et met son expérience en équipe de France au service de cette équipe : « On est monté en N2 grâce aux gens du cru. » Mais la N2 impose de longs déplacements et Clémentine naît à ce moment là « On n’avait plus le même enthousiasme, du coup j’ai préféré lâcher l’affaire. » Nous sommes en 1999.

Arrive alors Stéphane Quéva aux manettes de cette équipe, puis Vincent Przybylski. Sous l’impulsion de ce dernier, l’équipe féminine s’envole en Élite : « Pour la première fois nous avions des joueuses professionnelles, les déplacements étaient très éloignés et réguliers et la Ville du Touquet pouvait difficilement soutenir une équipe professionnelle. On a du prendre la lourde décision de repartir en N3. Ça a été un choc pour Vincent mais il s’est accroché et a fait remonter l’équipe en N2 dès la saison suivante, ce qui, je crois, est le niveau qui convient bien au Touquet. Il est en effet difficile ici de faire des études sauf si on veut être kiné ou infirmier(e) et de trouver du travail ensuite. »

Des mots sur chacune des équipes du TAC, Francis en a plein la bouche. Il connaît tous les noms, tous les points forts et les points faibles. 27 ans de présidence, évidemment ça fait de vous bien plus qu’un observateur, ça vous propulse au rang de père de famille. Pour autant, quand il regarde dans le retro, Francis Druenne n’a pas de nostalgie. Il s’enthousiasme de voir se succéder les générations. Aujourd’hui « fatigué », il sait qu’il est temps de confier les clés à quelqu’un d’autre. Un autre membre de la famille, qui pourra compter sur lui. Bien évidemment.